Requiem

L’ennemi du « pour tous » n’est pas la finance ou la technologie.
Il est dans le triomphe du « sans rien ».

Un seul pouvoir règne

Un seul pouvoir règne et il n’a ni corps ni tête. C’est une nouvelle monarchie dont nos « dirigeants » ne sont que des avatars.
Les masques de tristes sires, décharnés, désincarnés. Trop poudrés.

Les « sans voix » …

Par-delà eux, s’organise mal une sorte de tiers état avec les « sans voix », le peuple dont on attaque les deniers pour ne pas toucher à ceux des riches.
De fait, parler de privilèges des retraites quand notre système est assis sur la logique d’accaparement, la spéculation financière et l’évasion fiscale de quelques-uns est difficilement tenable.
Tout le jeu consiste à organiser la guerre de tous contre tous pour que le monarque tienne. C’est bien ce qui est à l’œuvre.

Les riches ne se sont jamais aussi bien portés. Le capitalisme aussi. Il triomphe quand les sociétés tombent. C’est dire s’il n’a plus besoin d’elles, c’est-à-dire de nous.
Je ne doute pas que les équilibres changent et que les institutions soient obsolètes. Mais ce n’est pas en rendant plus vulnérables celles et ceux qui le sont déjà qu’on « redressera » un pays voire surtout, et c’est encore plus fondamental, l’envie de vivre ensemble.
J’essaie de me convaincre que cela ne fait pas partie du plan. Mais j’ai de plus en plus de mal à le croire.

Les « sans coeur » …

Les « sans voix » ont en face d’eux un pouvoir « sans cœur » car sans idée. Ou plutôt qui n’en a qu’une : le garder.

Les « sans joie » …

Entre les « sans voix » et les « sans coeur », il existe une bourgeoisie déboussolée qui ne dit rien mais qui voit tout. Nous l’appellerons les « sans joie ».
Essorés par leur vie professionnelle, la peur de perdre, ils et elles se taisent, vénèrent les riches et veulent leur ressembler. Leur seule échappatoire est cette illusion tenue qu’ils vont amasser quelque chose.
Un jour, la vente de leur appartement, leur demeure, leur confirmera qu’ils ont réussi leur vie. Ils feront semblant d’y croire.
Ils ont décidé d’être « sans voix ».

... Dans une Société sans âme !


Les « sans voix », « sans joie » et « sans cœur » forment une société sans âme, repliée, incapable de relever la tête et de regarder en face les grands défis qui l’appellent et qui pourraient être de très grandes aventures. 


Source Editorial de Flore Vasseur (Journal La Croix du 08 janvier 2020)

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