le cheminement

Le 6 janvier, date approximative, à l’origine, du solstice d’hiver, sacré fête de l’Epiphanie :

Du grec « epiphanea » c’est à dire manifestation, la fête de l’Epiphanie correspondait pour les premier chrétiens à une fête synthétique des différentes « manifestations de Dieu aux hommes », à savoir l’ensemble des premières « manifestations » de la divinité de Jésus : la Nativité, l’adoration des Mages, le baptême dans le Jourdain et les Noces de Cana (premier miracle).
Cette fête synthétique existe encore toujours dans l’église arménienne !
Mais, pour les catholiques, après connaissance plus précise du solstice d’hiver (le 25 décembre), une dissociation s’est opérée, le 6 janvier se limitant à partir du VIème siècle, à la commémoration de l’adoration des Mages (d’ailleurs nullement Rois dans la tradition d’origine)..
Et en ce début du XXIème siècle, pour la plupart d’entre nous, la célébration se concentre désormais uniquement sur la consommation laïque de la « Galette des Rois ».

pour qui ?

Des symboles au consumérisme …

 

Les Rois Mages … une tradition évolutive et symbolique

Petit rappel historique :

A l’époque de la naissance du Christ, la dénomination de « mages » s’appliquait aux représentants du culte de l’ancienne religion chaldéenne qui se recueillaient pour la prière, en particulier dans la ville de Saveh (l’actuelle Sava) d’où les « Mages » seraient partis pour se rendre à Bethléem. Or cette ville était un centre astronomique important disposant de registres d’observation du ciel depuis des siècles et donc en mesure de prévoir les phénomènes astronomiques. Par ailleurs, une tablette cunéiforme découverte à Babylone relève pour la période de la naissance du Christ une « triple conjonction de Jupiter et de Saturne ,suivie d’une grande « conjonction de Mars, Jupiter et Saturne », les deux séparées par un laps de temps pouvant correspondre à la durée d’un trajet à dos de dromadaire entre Saveh et Béthléem.

Ecriture cunéiforme

Calculs astronomiques babyloniens


Les « Mages », une image qui se précise au fil des siècles :

L’Evangile ne parle pas de « Rois » et ce n’est qu’à la fin du IIème siècle que Tertullien, théologien chrétien de Carthage, leur attribue le titre de « Rois » sans doute en raison de la richesse de leurs cadeaux, mais aussi en lien avec les annonces de l’Ancien Testament.

Il faut attendre le Vème siècle pour voir leur nombre fixé à trois et le VIème siècle pour qu’apparaissent leurs noms : Gaspard, Balthazar et Melchior, dans l’Evangile apocryphe dit « arménien de l’enfance ».

Et ce n’est qu’au VIIIème siècle que Balthazar est « devenu » noir et qu’on l’a affublé d’une peau au moment même où commence dans les pays arabes la première traite négrière. Pour symboliser pour les victimes une espérance pour leur libération ?

Gaspar, Melchior et Balthazar

…des rois mages lourdement chargés !

La légende s’est encore enrichie, plus récemment, d’un quatrième Mage du nom d’Artaban qui, parti de Russie avec les trois plus gros diamants du monde, arriva trop tard à Bethleem et ne retrouva Jésus qu’après une pérégrination de 33 années et après avoir perdu ses diamants pour des actions charitables.
Arrivé juste à temps sous la Croix pour offrir son coeur, il vit briller ses 3 diamants dans les yeux du Crucifié.

la persévérance ...

Mieux vaut tard que … jamais !


La symbolique des cadeaux des Rois Mages :

L’or (apporté par Melchior) était réservée dans l’Antiquité aux dieux et aux rois. Il symbolise la reconnaissance de la royauté de Jésus et de sa sagesse.
La myrrhe (apportée par Balthazar), baume précieux, symbolise la mort de Jésus sur la Croix, c’est à dire la finitude de son humanité.
L’encens (apporté par Gaspard), résine aromatique symbolise, dans les religions antiques, la relation entre la Terre et le Ciel et donc l’image de la divinité de Jésus ainsi que la puissance de la prière.

Au XIIème siècle, Saint Bernard, docteur de l’Eglise y ajouta son grain de sel en « pensant » que l’or permit à la vierge d’enfin sortir de la misère, que l’encens servit à désinfecter l’étable et que la myrrhe guérit l’enfant qui avait des vers …


La symbolique des Bergers et des Mages :

Les bergers étaient considérés à l’époque comme des voleurs et les Mages comme des étrangers.
Le fait que ce soit eux qui ont accueilli Jésus en premier se veut, dans la tradition chrétienne, comme un symbole du renversement des valeurs apporté par le Christ, tout comme le fait que les bergers, humbles et anonymes, aient été avertis en premier, avant les riches !

Source : Journal La Croix des 13 août 2018 et 06 janvier 2019 (articles de Martin Steffens et Céline Hoyeau))

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