Le nom de Domaine …

Un nom de Domaine ou adresse Internet est l’équivalent de notre adresse postale sur Internet.
C’est la manière dont nos contacts vont trouver notre Site Internet sur le Web.

Et ce nom de domaine est lui-même composé d’une chaîne de caractères et d’une extension qui est l’équivalent d’un code postal.

Ainsi le nom de domaine nous permet d’exprimer notre projet par le choix des mots et des extensions qui font sens pour le public.

Ce nom de domaine peut être libre ou « protégé ».
Dans ce dernier cas, il fait l’objet d’une redevance. A ne pas confondre avec la redevance d’hébergement sur un serveur !

La gestion des noms de domaine

Au début, dans les années 1970 …

Au début d’Internet, dans les années 1970, les noms de domaine étaient gérés par une seule personne, un informaticien travaillant dans une Université de Californie.

Puis l’ICANN, à partir de 1985 …

Puis avec la croissance du réseau, l’Icann a vu le jour en 1998, à l’initiative de l’administration Clinton. L’association est alors placée sous tutelle du département américain du commerce. En 2016, elle accède à l’indépendance.

Mais cela reste assez formel.

Siège de l’ICANN

L’ICANN, on l’appelle le « gouvernement d’Internet ».
C’est grâce à lui que le réseau garde son caractère universel.

L’ICANN, pour « Internet Corporation for Assigned Names and Numbers » soit, traduit en français « Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet », est une association à but non lucratif basée en Californie.
Elle gère la distribution des noms de domaine sur Internet.
C’est elle, par exemple, qui décide que le « .fr » est attribué à la France.

La question semble très technique.
Elle est aussi très politique, car il faut concilier les intérêts d’une multitude d’acteurs mondiaux, un peu comme à l’ONU…
Faut-il autoriser des adresses Internet en caractères cyrilliques ou chinois ? Faut-il permettre l’usage d’accents ?
Doit-on accepter la création d’adresses qui se terminent en «.xxx » renvoyant vers des sites pornographiques ?

Toutes ces questions, et bien d’autres, ont fait l’objet de longs débats au sein de l’ICANN.

À la tête de l’association se trouve un conseil d’administration de 16 membres, dont un président qui est actuellement suédois.
Au sein de l’Icann, les décisions sont prises de façon collégiale, après des consultations ouvertes. Mais la transparence a ses limites. Le conseil d’administration reste sous forte influence américaine.

La gestion des extensions

La toile au-dessus de la ville

Les différentes extensions

« org » ou « .fr » ou encore « .com » : ces trois petites lettres accolées à la fin du nom d’un site Web sont ce que l’on appelle une « extension de nom de domaine », un peu comme un code postal. Le nom de domaine, lui, est l’intégralité de l’adresse, par exemple « cetait-mieux-demain.fr »

Si le «.fr » désigne logiquement les sites Web en lien avec la France, le « .com » indique que les sites ont une portée commerciale. Le « .org », lui, est normalement utilisé pour les organisations à caractère non lucratif, par exemple Wikipédia ou le Secours catholique.

Les « Sociétés de registre » …

L’ICANN confie à des « sociétés de registre » (qui peuvent être des associations ou des entreprises) le soin de gérer une extension, comme le « .com » ou le « .org ».


Les sites Web qui veulent « réserver » une adresse (nom de domaine) peuvent le faire auprès de ces « Sociétés de registre » et paient une redevance qui finance également l’ICANN.

Le PIR , société de registre pour « .org » …

La gestion de l’extension  » .org » est aux mains de Public ­Interest Registry (PIR), une association américaine.

Celle-ci a été désignée gestionnaire du « .org » par l’ICANN, le régulateur de l’Internet mondial.
En échange du maintien des infrastructures techniques nécessaires au bon fonctionnement du « .org », PIR fait donc payer tous ceux qui veulent une adresse Web en « .org ». Un peu comme un locataire doit payer un propriétaire pour se loger et obtenir une adresse.

PIR est en quelque sorte propriétaire de l’immeuble « .org ». Or, sur la Toile comme dans les métropoles, le foncier se fait rare.
En effet, il existe 11 millions de sites en « .org » et la plupart des adresses sont déjà occupées. 

Verisign, société de registre pour .com, .gov, .tuv

Rien que pour l’extension « .com », Verisign, société américaine gère 144 millions de sites.

Mastodonte du marché, Verisign gère également le « .gov » pour le compte du gouvernement américain et le « .tv », une extension à la mode pour tous les sites de vidéos… mais qui renvoie en réalité aux Tuvalu, un archipel de 11 000 habitants, perdu dans le Pacifique et incapable d’exploiter lui-même cette extension.

Afnic, association qui gère le .fr

En France la gestion est inscrite dans la loi et donc protégée de toute ingérence extérieure.


Cette gestion a déléguée à une Association à but non lucratif : l’AFNIC (Association Française pour le Nommage Internet en Coopération).
Elle gère également le « .re » (Ile de la Réunion), le « .pm » (St Pierre et Miquelon), le « .t »f (terres australes et antarctiques), le « .yt » (Mayotte, le « .wf » (Wallis et Futuna).
Il est aussi le partenaire technique de nouveaux domaines génériques dont le « .alsace », le « .bzh », le « .paris », le « .ovh » …

Et l’argent dans tout cela ?

« L’argent gagné par les gestionnaires doit être réinvesti pour maintenir et développer Internet, pas pour verser des dividendes ! »
(Pierre Bonis, Directeur général de l’Afnic)

Oui, cela semblait la règle jusqu’à présent, mais … !

Comment çà marche ?

Nom de domaine et URL. Ce sont grosso modo la même chose et cela correspond à l’adresse Web d’un site, par exemple « la-croix.com ». L’extension, ou suffixe, est alors «.com ».

Registre et bureau d’enregistrement. C’est auprès du bureau d’enregistrement que les clients finaux (particuliers et entreprises) achètent leurs noms de domaine. Le bureau d’enregistrement reverse ensuite une partie de la somme au registre, gestionnaire de la base de données et de l’infrastructure.

Pour comparer, le bureau d’enregistrement fait office d’agent immobilier là où le registre est le propriétaire du terrain.
L’Afnic, qui gère le «.fr », est un registre, tandis que des entreprises comme OVH ou Gandi sont des bureaux d’enregistrement.

Mais, seulement voilà !

Avec l’argent gagné par la vente des sites en « .org », l’association américaine PIR finance des actions en faveur du développement du numérique, un fonctionnement plutôt vertueux car les sommes versées par les propriétaires de sites Web sont réinvesties dans la Toile.

Mais en novembre dernier, PIR a annoncé sa vente prochaine au fonds d’investissement Ethos Capital.
Prix proposé : plus de 1 milliard d’euros.

En mettant la main sur les quelque 11 millions de sites en «. org », Ethos Capital capte une énorme manne.

Manifestation contre l’acquisition de PIR par Ethos Capital en février 2020

Le problème réside dans l’utilisation de cet argent. « Avec ce rachat, la commercialisation du ”.org” ne servirait plus à développer les actions d’une association à but non lucratif comme PIR mais à rémunérer des actionnaires », tempête Pierre Bonis.

Une idée des sommes en jeu …

 À titre de comparaison, la société américaine Verisign a perçu un peu plus de 1 milliard d’euros en 2018 grâce aux seuls sites en .com !

Ethos Capital a mis plus d’1 milliard d’euros sur la table et s’ils font un aussi gros chèque, c’est bien qu’ils comptent gagner plus !
Et rien ne les empêchera de faire augmenter les redevances sur les noms de domaine.
A titre indicatif, le suffixe « .com » coûte actuellement une dizaine d’euros par an contre moins de 5 euros pour le « .fr ».

Source : Journal La Croix – Article Alain Guillemoles (10 février 2020)

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