Ken Loach

Quelques instants avec Ken Loach, à l’occasion de la sortie de son dernier film « Sorry, We Missed You » ?

« Désolé, je vous ai manqué » : quelques petits mots « empreints de proximité » griffonnés par un livreur « Uber » pourtant broyé par la … spirale où travailler finit par ruiner les économies, mais aussi la santé, la cohésion de la famille, l’admiration d’un fils pour son père …  »

Ken Loach, réalisateur deux fois primé à Cannes, éternel révolté, « a gardé à 83 ans la ligne de ses convictions radicales menant à la lutte sociale. En contraste avec la douceur et la bienveillance de l’homme ! »

Extraits de 2 interviews de Télérama (02/07/2017) et La Croix Hebdo (19/20 octobre 2019)

Le pouvoir …

Une des grandes forces de la classe dirigeante c’est de donner le droit de vote à chacun tout en le persuadant de voter contre ses proches intérêts. Cette même classe dirigeante contrôle la presse , la télévision… Les employés seront toujours dirigés par des personnes qui soutiennent la classe dirigeante …

La presse …

Les médias ont remplacé le prêtre d’autrefois qui, depuis sa chaire, nous disait quoi faire et ne pas faire. Ils contrôlent notre culture d’une manière très pernicieuse, en marginalisant les discours alternatifs. La pensée radicale ne suscite que la méfiance, elle paraît excentrique, déplacée, absolument pas crédible.

L’Europe …

Il faudrait commencer par un nouveau traité affirmant que l’Europe se construit dans l’intérêt des peuples et non de l’économie de marché. Cette dernière porte en elle le conflit.

Si l’Union Européenne était réellement au service des peuples, vous ne verriez pas des mères et des grands-mères de l’ancien bloc de l’est quitter leur famille pour venir en Angleterre, accepter d’être totalement exploitées sur nos terres agricoles.
J’ai rencontré des femmes venues des Pays Baltes, qui passaient leurs journées aux champs, où elles étaient conduites en bus par un chef de gang et, le soir dormaient à cinq ou six dans la même chambre. Elles mettaient leur plus belle robe pour leur unique sortie de la semaine, le supermarché. Avec leur salaire, non seulement elles envoyaient de l’argent à leur famille restée au pays, mais elles devaient payer leur voyage jusque dans l’est de l’Angleterre, leur trajet en bus, leur tenue de travail, un loyer.

C’est cela l’UE et ce n’est pas acceptable.

L’Ubérisation de la société …

Le film retrace le quotidien d’un livreur avec, à l’arrière-plan, la guerre à laquelle se livrent les entreprises pour emporter un marché.
Pour cela, elles baissent leurs prix et répercutent cette baisse sur le coût du travail et exploitent toujours plus les salariés. On aboutit ainsi à une situation où il n’existe plus de salaire garanti, plus d’arrêt maladie, sans parler des effets dévastateurs de ce système sur les familles.

Il faut au-moins se poser la question ! Faut-il se faire livrer par un salarié exploité et pisté en permanence par son patron ?
C’est un acte politique

Les Gilets Jaunes …

Les gilets Jaunes c’est comme de la vapeur. C’est bien, mais il faut aussi une locomotive pour avancer !

Jimmy's Hall
Ken Loach  – juillet 2014  (Photo Télérama)

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